En fonction des choix qui seront faits pour construire le CPA, celui-ci
pourrait être en effet un premier levier de réinvention de la protection
sociale. Alors qu’il est clair que l’accès aux droits de tous est un réel enjeu
de société lorsque l’on sait que le non-recours représente des sommes plus
importantes et bien moins médiatisées que la fraude aux aides sociales et
concerne surtout les publics les plus vulnérables et qui ont donc,
théoriquement, le plus besoin d’utiliser ces droits et qu’en parallèle les
parcours professionnels de demain seront encore plus discontinus que ceux
d’aujourd’hui, une réponse sociale ambitieuse est aujourd’hui absolument nécessaire.
Pour cette raison, l’intérêt de créer un CPA ambitieux, qui aille au-delà
d’une plateforme numérique regroupant tous les droits d’une personne, a été
compris par la FAGE. Pour cette raison, la FAGE a souhaité faire un pas vers le
Gouvernement en acceptant le dialogue autour du Projet de loi El Khomri, afin
d’en faire retirer les mesures agressives et obtenir des engagements vis-à-vis
de l’importance de donner de l’ambition au CPA. Grâce à son attitude
constructive et ferme, la FAGE a ainsi obtenu le retrait ou la modification de
nombreuses mesures dangereuses du projet de loi et la création d’un droit
universel à la formation au sein du CPA, un levier efficace et concret de
sécurisation des parcours.
Ainsi, la FAGE a obtenu du Gouvernement qu’il instaure un droit à la
formation et à l’accompagnement vers l’emploi, en proposant deux solutions
qu’il a retenues. Celui-ci incarnera l’engagement de l’Etat pour la formation
de tous ses citoyens. Alors qu’aujourd’hui l’Etat s’engage surtout pour la formation
des jeunes en formation initiale (pour lesquels une réforme du système de
bourse est d’ailleurs nécessaire) et dans
une moindre mesure pour la formation des actifs et des jeunes décrocheurs, il
est nécessaire de garantir que chaque public puisse bénéficier de formation,
afin d’atteindre un niveau de qualification suffisant pour garantir un maintien
dans l’emploi, à l’heure où la qualification sera de plus en plus un rempart au
chômage. Ce droit à la formation et à l’accompagnement vers l’emploi se
concrétisera de plusieurs manières : pour les jeunes décrocheurs sans
ressources, la Garantie Jeunes va devenir un droit.
Ainsi, tous les jeunes éligibles à ce dispositif géré par ¾ des missions
locales du territoire national - qui combine un accompagnement personnalisé,
des stages en entreprise et 461€ par mois - pourront en bénéficier. C’est ainsi
un réel filet de protection sociale pour tous ces jeunes qui est mis en place,
alors qu’aujourd’hui ils sont 900 000 dans cette situation.
En parallèle, l’Etat abondera jusqu’à 400h le compte personnel de formation
des jeunes entrés en emploi directement après le secondaire, dans des métiers
peu qualifiés, autrement dit pour des jeunes qui n’ont jamais bénéficié de
l’engagement de l’Etat dont bénéficient ceux qui vont dans le supérieur. Ainsi,
nous garantissons à chaque jeune qu’il ne sera pas laissé sur le carreau et
qu’il pourra bénéficier d’une protection sociale adaptée pour (re)venir vers
l’emploi.
Pour
toutes ces raisons, il est d’une impérieuse nécessité que la FAGE soit
proactive dans les mois qui arrivent, comme elle l’a été lors de la
concertation des organisations syndicales au sujet du projet de loi El Khomri,
sur les choix relatifs au contenu et à l’organisation du Compte Personnel
d’Activité, pour participer à faire du CPA un réel levier de la protection
sociale du XXIème siècle. Le débat autour du CPA, au-delà du cadre du projet de
loi travail devra être un débat sociétal de grande ampleur, participatif, pour permettre
d’inclure à celui-ci tous les droits nécessaires et dans des modalités
pertinentes.
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