Bien que les bourses sur critères sociaux gérées par les CROUS
soient plus avantageuses pour les étudiants que les bourses régionales,
celles-ci charrient aussi leur lot d’imperfections. On peut citer en
premier lieu l’effet palier induit par le système de calcul des échelons
de bourse. Le calcul du montant de la bourse tient compte, entre autres, des
ressources du foyer de l’étudiant, du nombre d’enfants à charge de ses parents,
de sa distance domicile-lieu d’études auxquels correspondent, dans un intervalle,
un certain nombre de points de charge. Ainsi, une différence d’un euro ou
d’un kilomètre près peut correspondre à deux échelons voisins, dont la
différence de montant a de réelles conséquences sur les étudiants. Il
suffit, par exemple, d’une infime augmentation des ressources entre deux
années pour qu’un étudiant voit sa bourse ramenée à un échelon
inférieur, dans une mesure tout à fait disproportionnée : une
augmentation de quelques euros de revenus sur l’année (même moins de 10€) peut
faire perdre 60 € mensuels à un étudiant. Il y a donc une réelle inégalité
derrière ce mode de calcul puisque deux étudiants, aux ressources très
proches, risquent de bénéficier d’une bourse différente.
En plus d’être mal configurées, conduisant à des situations injustes, les bourses
des CROUS sont aujourd’hui insuffisantes en termes de nombre
d’étudiants bénéficiaires et de montant des premiers échelons. Alors que 38%
des étudiants boursiers se salarient et parmi eux, 16% dans
des conditions qui concurrencent leur cursus pour subvenir à leurs besoins,
ce sont 45% des étudiants non boursiers qui se salarient,
avec 20% d’entre eux dans une activité concurrente de leurs
études 1. On voit donc aisément que les étudiants non boursiers ont plus
besoin de salarier pour subvenir à leurs besoins que les étudiants boursiers.
Parmi les boursiers, on retrouve la même tendance entre boursiers
des premiers échelons et boursiers des échelons maximum.
Second volet des aides directes à destination des étudiants, les aides
personnalisées au logement (APL), doivent aussi être réformées.
Alors que le logement représente en moyenne 46% du budget mensuel
d'un étudiant décohabitant et que l'accès à un logement autonome est un
facteur essentiel d'amélioration des conditions de vie étudiante, les modalités
de calcul des APL sont extrêmement opaques et complexes, prenant en
compte énormément de critères et étant susceptibles, comme les bourses
sur critères sociaux, de varier de manière importante pour une évolution
minime de situation. D’autre part, le montant des APL est proportionnel
à la surface du logement. Ainsi, un étudiant plus aisé qui peut louer un
appartement plus grand qu’un autre se verra aidé de manière plus importante,
injustice des plus évidentes s’il en est. Les APL représentent ainsi un
réel levier d’accès au logement autonome dont il est absolument nécessaire de
repenser les modalités de calcul et d’attribution.
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