Dès le début de son mandat, et notamment par le biais de la Priorité jeunesse, François HOLLANDE a fait du service civique un dossier prioritaire qui a fait l’objet de nombreuses annonces et tâtonnements.
Ainsi, le 6 novembre 2014 il avait exprimé le voeu de créer un service civique universel d’une durée de trois mois et non indemnisé. Cette annonce passée relativement inaperçue du grand public a néanmoins provoqué un tollé auprès des associations 1,2,3, (qui accueillent plus de 80% des volontaires en service civique). En effet, réduire la durée des missions de service civique réduirait presque à néant son intérêt : la force du service civique est de permettre à tout jeune (quelque soit son parcours) de réaliser des missions variées. En effet, en 8 mois de mission, il aura le temps d’être formé par la structure d’accueil ce qui lui permettra d'acquérir de nouvelles compétences et connaissances mais également d’être force de proposition au sein de la structure et non simple exécutant. De plus, supprimer l’indemnisation mensuelle revient à réduire d’autant l’accessibilité du service civique et, in fine, l’accessibilité à l’engagement des jeunes les plus précaires.
Suite aux attentats de janvier 2015, le service civique a fait l’objet de nombreux débats avec au centre la volonté pour certains de le rendre obligatoire et en filigrane la persistance du cliché que les jeunes sont sans valeurs citoyennes. Pourtant, ils sont 80% à suivre l’actualité politique, près de la moitié à avoir signé une pétition4 et ce sont eux qui tirent les chiffres du bénévolat vers le haut5, ce que résume Loïc BLONDIAUX6 par cette formule sur l’engagement politique des jeunes : « un intérêt général pour la politique coexiste avec une absence d’engagement, d’investissement dans les lieux traditionnels de la politique ».
Rendre le service civique obligatoire n’est donc pas la réponse au “désengagement des jeunes de la politique traditionnelle”. Au delà des lieux communs et facilités, il faut réinventer la façon de faire de la politique afin de la rendre plus inclusive pour les jeunes.
De plus, rendre le service civique obligatoire serait un déni de sa nature : un engagement volontaire des jeunes en faveur d’un projet d’intérêt général qu’ils ont choisi. Faire fi de cette dimension c’est nier la réalité de terrain : un jeune est investi dans sa mission parce qu’il a choisi volontairement de réaliser un service civique, au moment qui lui semble le plus opportun et dans le champ qui lui correspond. C’est cet investissement personnel qui va déterminer la réussite de sa mission de service civique (tant pour le jeune que pour sa structure d’accueil). Comme le résumait en janvier François CHEREQUE, président de l’Agence du service civique, « la citoyenneté est un engagement ».
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