Une séance exceptionnelle du CNESER se tenait lundi 13
novembre 2017 avec pour seul point le projet de loi relatif à l’orientation et
à la réussite des étudiants. A cette occasion, le président de la FAGE a tenu
les propos suivants :
Madame la Ministre,
Mesdames et Messieurs les membres
du CNESER,
La FAGE, première
organisation étudiante de France, tient à saluer comme elle l’a fait le 30
octobre dernier, la réforme relative à l’orientation et la réussite étudiante,
qui apporte avec bon sens les réponses
nécessaires pour permettre l’accueil de tou·te·s et la réussite de chacun·e
dans l’enseignement supérieur français.Nous
tenons également à saluer le travail de dialogue social important et de
qualité, réalisé par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche
de l’Innovation, et les 150 heures de concertation qui nous ont permis de faire
émerger cette réforme.
La FAGE se félicite de
l’adoption du principe du « dernier
mot au bachelier » qui vient ancrer l’Université comme un acteur de formation ouvert et accessible à tou·te·s
en évitant toute forme de sélection qui priverait un bachelier de son choix de
formation.Nous tenons également à
saluer les avancées notables en matière de vie étudiante. Puisqu’on ne peut
parler de réussite étudiante sans évoquer la question des conditions de vie, la
suppression du régime délégué de sécurité sociale étudiante et le rattachement
au régime général de sécurité sociale, les annonces de réforme des aides
sociales ou encore de l’accès au logement, viennent apporter des réponses
concrètes pour garantir l’égalité des chances des étudiant·e·s dans l’enseignement
supérieur.
Toutefois, cette réforme
équilibrée doit être concrétisée par une modification réglementaire par arrêtés
et décrets, et ne peut être réduite au projet de loi présenté aujourd’hui
devant le CNESER.En effet, si
nous saluons la réforme et si ce projet de loi vient appliquer en partie
certains éléments de la réforme, d’autres éléments nouveaux et néfastes
viennent s’y ajouter.
- Tout d’abord, la
suppression du droit à bourse dans le cadre de l’année de césure ; une
hérésie qui fait perdre toute substance à un dispositif censé favoriser
l’engagement des étudiant·e·s. son inscription dans la Loi est une bonne chose
mais ne peut se faire sans le maintien de tous les droits sociaux.
- Ensuite, un certain
nombre d’angles mort dans la mise en place de la cotisation vie étudiante, qui
correspond par ailleurs à une avancée majeure en termes de financement des
politiques de vie étudiante. Elle vient toutefois diminuer le pouvoir d’achat de
certains publics qui ne payaient pas initialement la cotisation de la sécurité
sociale qui sera supprimée dès la rentrée 2018, je pense notamment aux jeunes
moins de 20 ans, aux internes en étude de santé ou encore à une partie des
doctorants.
- Enfin, l’extension du
dispositif « meilleur bachelier » qui vient s’appliquer aux formations
en tension. L’évaluation de ce dispositif pointe son caractère peu efficace et
dérisoire. La réponse appropriée pour les formations en tension ne saurait être
un dispositif de priorité d’accès mais au contraire des mesures visant à
augmenter les capacités d’accueil dans ces formations.
S’agissant des formations
dites « sous tension », nous
saluons l’annonce des 500 millions d’euros de crédits budgétaires qui viennent
financer la création de 130 000 places dans ces formations sous-dotées.
Par ailleurs, et s’il est
évident que la Loi se doit de prévoir le scénario où le nombre de candidatures
dans une formation excèderait les capacités d’accueil, nous reconnaissons que
ce dernier élément est un impératif juridique. Néanmoins, nous affirmons que la seule réponse politique envisageable
face à son inscription dans le projet de loi soit l’augmentation des capacités
d’accueil, tant par l’investissement financier que par des réformes
organisationnelles, faisant notamment appel aux pédagogies innovantes.
Nous déplorons que le
contexte économique de notre pays ne nous permette pas d’investir un milliard
d’euros supplémentaire par an dans le budget de l’enseignement supérieur, de la
recherche et de l’innovation, comme préconisé par la StraNes, pour faire face à
l’évolution démographique étudiante et aux besoins grandissants de nos
établissements. Nous le déplorons mais
nous continuerons d’en faire notre cheval de bataille. Car je le répète, c’est uniquement par l’investissement et
par les changements des pratiques organisationnelles et pédagogiques que nous
parviendrons à atteindre nos objectifs d’élévation du niveau de qualification
des nouvelles générations.
Ainsi, nous serons d’une
extrême vigilance quant à l’application de la réforme. Nous veillerons à ce que
tous les efforts soient faits pour limiter le recours à cette « sécurité ».
Il s’agit de rendre tangible le principe du « dernier mot au bachelier »
pour tou·te·s les lycéen·ne·s et pour toutes les formations de l’Université.
C’est dans ces termes que nous appelons à la mise en place d’un Plan d’Urgence, permettant de garantir une place à chaque jeune
dans la formation de son choix pour la rentrée 2018.
Ce projet de loi ouvre des
précédents nécessaires, positifs comme négatifs. Tous les acteurs du monde
académique, pouvoirs publics, président·e·s d’université, enseignant·e·s-chercheurs,
personnels et étudiant·e·s, ont une responsabilité collective pour faire de ces
éléments les ingrédients de la démocratisation effective de l’accès et la
réussite dans les études supérieures.
Notre
combat c’est celui de l’augmentation des capacités d’accueil et les changements
de pratiques pédagogiques, pour accueillir mieux, faire réussir et garantir
l’insertion sociale et professionnelle de tou·te·s les étudiant·e·s dans notre société.
Ce combat désormais, nous le gagnerons
ni dans la rue, ni dans la Loi, mais bien sur le terrain, dans les établissements
autonomes.
Pour
s’assurer de la bonne prise en compte de nos points de vigilance dans le projet
de loi et surtout dans les modifications réglementaires à venir, nous nous
abstiendrons aujourd’hui sur le vote du projet de loi.
Nous suivre sur