Lors de ses voeux au monde économique, puis aux corps constitués, François Hollande avait annoncé et réaffirmé sa volonté de voir le service civique dans sa version actuelle monter en charge très vite vers les 100 000 volontaires, puis d’ici à 2017, permettre à tout jeune en manifestant la volonté de s’engager (soit 150 000 à 170 000 jeunes par an). Ces annonces allaient dans le bon sens, et la FAGE s’en était félicitée3, mais les projets récents des parlementaires viennent les remettre en cause.
Alors que les parlementaires de droite prônent un retour à l’époque de la conscription, soutenant que seul un passage par la case treillis pourra résoudre les maux de la société, le porte-parole des députés socialistes a annoncé mardi le lancement, validé par le gouvernement, d’un groupe de travail consacré à la mise un place d’un service obligatoire de six mois.
Il convient de garder en mémoire que l’ensemble des représentants de la jeunesse dont la FAGE4, ANIMAFAC5 et le Forum Français de la Jeunesse6 mais aussi le Mouvement associatif et la plateforme interassociative pour le service civique7, se sont exprimés sur la question du service civique en refusant que ne lui soit substitué un service obligatoire, qui plus est non indemnisé et d’une durée largement insuffisante pour permettre une participation effective. Encore une fois, nos responsables politiques font la sourde oreille à la parole des jeunes et préfèrent, en leur nom, définir ce qui est bien pour eux, quelle doit être leur place et quelle doit être leur participation à la vie citoyenne.
Si les jeunes participent de moins en moins à la chose publique, si l'abstention monte, n’est-ce pas aussi au regard de cette non considération permanente des jeunes ? Ainsi plus d’un jeune abstentionniste sur deux l’est par déception et en impute la responsabilités aux politiques8. Ces propositions autour d’une obligation de service laissent à penser que les jeunes sont coupables, et qu’il faut les punir, les contraindre et les mettre au travail. Elles prévoient notamment qu’en cas de non-respect de la période de service, les jeunes encourent des amendes et des peines de prison.
Mesdames et Messieurs les députés, la citoyenneté et le sens civique ne se décrètent pas, et encore moins sans consulter les principaux intéressés des réformes proposées. À cet égard, la FAGE demande depuis plusieurs années la mise en place d’une Clause Impact Jeunesse9, permettant lors de l’élaboration des projets de loi de ne plus considérer les jeunes comme des objets politiques, mais comme des acteurs à part entière.
Le civisme et le respect des valeurs républicaines ne peuvent faire l’objet d’une “certification” qui interviendrait après un “stage intensif” de redressement moral de la jeunesse. À une logique de méfiance et de coercition, la FAGE préfère une logique de confiance et cohésion : la France doit faire confiance à sa jeunesse et lui donner les moyens d’agir, de participer et de dessiner les perspectives de son avenir.
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