Mobilité étudiante en France et en Europe : plus de souplesse, moins de moyens

03/04/2013

Manuel Valls et Laurent Fabius, Ministres respectivement en charge de l'Intérieur et des Affaires Étrangères, annonçaient dans un communiqué daté du 25 mars 2013 une série de mesure visant à assouplir les modalités d'utilisation et de délivrance des visas "court séjour" pour les étudiants et chercheurs étrangers (hors Union Européenne). Dans le même temps, la Commission Européenne annonçait des progrès similaires à l'échelle de l'Union. De bonnes intentions très vites assombries par les parlementaires européens qui ont remis une nouvelle fois en cause le financement d'Erasmus, ce qui pourrait engendrer une perte de vitesse dès janvier 2014 pour le célèbre programme d'échange.

La FAGE se félicite d'avoir su faire entendre les revendications des étudiants dans le cadre de la préparation de la futur loi sur l'Immigration. Lors des différents rendez-vous et auditions, nous avons eu à coeur de défendre une vision de l'étudiant étranger comme un étudiant de France, et non comme un intrus tout juste toléré sur le territoire, susceptible de recevoir une Obligation de le Quitter (OQTF) à tout moment. Cependant, les annonces ministérielles sur le sujet laissent présager une amélioration somme toute bien timide de l'accueil et des conditions de séjour des étudiants étrangers. Consignes au réseau consulaire, promotion des visas de court séjour qui permettent des allées et venues plus aisées dans et en dehors de l'espace Schengen, rien qui soit de nature à garantir des conditions d'accueil décentes aux étudiants arrivants sur le territoire. La FAGE rappelle que la loi devra prévoir des assouplissements administratifs majeurs (tels que la délivrance d'un visa pluriannuel, la démocratisation de la carte scientifique-chercheur ou encore l'arrêt définitif des pratiques visant à expulser nos collègues sans autre forme de procès) et octroyer une place aux établissements d'enseignement supérieur dans l'évaluation des dossiers de renouvellement.

Plus crucial encore, c'est le dispositif d'accompagnement de ces étudiants à leur arrivée sur leur lieu d'études qu'il faut revoir. Si les CROUS et les établissements y accordent beaucoup d'attention, l'État néglige les moyens qui leur sont alloués pour remplir cette mission. La meilleure démonstration en est sans conteste la création de l'EPIC Campus France, qui vient remplacer les CROUS, pourtant opérateurs de l'État dans la gestion des contrats de Bourse de Gouvernement Étranger et de Bourses du Gouvernement Français (BGE/BGF). Avec cette réforme intervenue dans le sillage de la circulaire Guéant, non seulement la France se ridiculise auprès de ses principaux partenaires autour du globe, mais les étudiants concernés sont maintenant livrés à eux-mêmes avec, dans le meilleur des cas, un logement à leur disposition grâce aux efforts du CROUS.

Le Parlement Européen, Strasbourg

Une annonce de la Commission Européenne, très prometteuse, apporte une partie des réponses à ces défis. La Commission a pris l'engagement (également le 25 mars) d'aboutir dès 2016 à une directive afin d'harmoniser et assouplir les procédures d'accueil des étudiants et chercheurs étrangers. L'European Students Union (ESU) restera en effet très active dans les années à venir dans la mise en place de ces mesures qui devraient permettre une amélioration des conditions d'études et d'insertion professionnelle des étrangers.

Sur ces joyeux entrefaits, le président de la commission Éducation du Parlement Européen, Doris Pack, se risquait le 28 mars à admettre que le budget d'Erasmus n'était pas sécurisé pour l'exercice à venir. Après le combat rude mené fin 2012 par les étudiants soutenus par de nombreux euro-députés et membres de la Commission Européenne pour arracher le maintien de ces crédits, cette révélation sonne comme une véritable trahison pour tous ceux qui s'engagent au quotidien et tentent de faire de l'Europe un projet toujours plus solide et cohérent, avec des objectifs de coopération renforcés à l'horizon 2020. Karina Ufert, présidente de l'ESU, ne mâche pas ses mots : "la faible implication des dirigeants des États membres de l'Union dans le financement des programmes sur l'éducation ne nous donne pas beaucoup de confiance ni de courage pour les années à venir. Les pays membres se doivent de tenir leurs engagements pris en décembre et de s'assurer que les financements correspondent aux projets en cours à la fois maintenant et dans le futur". Une déclaration que la FAGE appuie fortement, tout spécialement lorsqu'on sait que chaque objectif de l'Union Européenne et les programmes qui en découlent sont arrêtés sur décision de ces mêmes États membres...

La FAGE appelle donc encore une fois le gouvernement français à assumer ces responsabilités dans le financement d'un programme comme Erasmus qui en 2012 - 2013 représente une opportunité unique pour plus de 30 000 jeunes français et autant de jeunes européens venus par ce biais enrichir notre pays.

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