L’augmentation
conséquente de la population étudiante
La croissance de la population étudiante résulte
d’une part de l’augmentation générale de la population et, d’autre part, de
l’élévation du niveau de qualification de la population. Entre 2000 et 2010,
les effectifs dans l’enseignement supérieur ont augmenté de 160 000 étudiants.
Au cours de la décennie suivante, entre 2010 et 2018, cette tendance s’est
accélérée à raison de 460 000 étudiants supplémentaires, par an, en moyenne. A l’horizon 2027, on pourrait compter 2
860 000 inscrits dans l’enseignement supérieur.
Les enjeux de formation de la population
L’accroissement démographique ainsi que celui de
la population étudiante imposent de se questionner quant à l’avenir de la
jeunesse en France. Nous le savons, le diplôme est le premier rempart contre le
chômage aujourd’hui, mais c’est aussi l’avenir de la France qui est en jeu
lorsqu’on aborde les questions de formation de la population.
Le rapport de la STRANES en est un exemple :
“Pour construire la société apprenante,
répondre aux défis de la planète, soutenir notre économie et lutter contre le
chômage, répondre aux besoins du marché de l’emploi, sécuriser les parcours
professionnels et faire de nos étudiants des citoyens et professionnels
responsables, acteurs du monde de demain il nous faut élever le niveau général des
qualifications et faire de la formation tout au long de la vie (FTLV) une
réalité.” “Le
rapport propose de porter à 60% d’une classe d’âge […] la proportion de
diplômés de l’enseignement supérieur”3
Les ambitions sont affichées; il faut maintenant
questionner les moyens d’accès de nos jeunes à l’enseignement supérieur.
Comment permet-on le retour en formation dans une société en mouvement où les
besoins sont en constante évolution ? Comment développe-t-on des compétences
durables ?
L’impact du manque de financement
Le constat est difficile: l’investissement de
l’Etat dans l’enseignement supérieur n’a pas été à la hauteur des enjeux de
formation supérieure, notamment ceux liés à l’augmentation des effectifs. C’est
donc la qualité et l’accès aux formations publiques qui est aujourd’hui mis à
mal; un phénomène décrit dans un article récemment publié par Stéphane Calviac
dans la Revue française d’administration publique, concluant que le taux
d’encadrement à l’université ne cesse de diminuer depuis 2013.
Ce manque de moyen se traduit aussi par la
capacité d’accueil des formations délivrant des diplômes nationaux de licence,
qui, dans certains cas, officient à flux tendu et se voient obliger de
sélectionner les candidats à l’entrée.
Cette sélection, ajoutée à la diminution du taux
d’encadrement pousse de plus en plus d’étudiants à se tourner vers les
formations privées. En 2018-2019, la progression des effectifs dans
l’enseignement privé est de 3,9 %, supérieure de 1,7 points à celle des
inscriptions dans l’enseignement public.
Une diminution drastique des dépenses comparée à
nos homologues de l’OCDE
Loin de répondre à un service public
d’enseignement supérieur permettant la réussite de tous et toutes, la France
est un mauvaise élève comparé à ses homologues de l’OCDE. En effet, le 10
septembre, l’Organisation de coopération et de développement économique a
publié son rapport “Regard sur l’éducation” qui établit le constat suivant :
entre 2010 et 2016, l'Etat français a réduit de 5% par étudiant ses dépenses
pour l'éducation supérieure, lorsqu’en moyenne celles-ci ont augmenté de 8%
dans les pays de l’OCDE sur la même période.
Il est impératif d’agir et de mener une vraie
réflexion sur le financement de l’enseignement supérieur français. Nous ne
pouvons pas laisser les conditions d’accès à l’enseignement supérieur public se
dégrader, et nous ne pouvons pas cautionner que le taux d’encadrement diminue
d’année en année. Il en va de la qualité de nos formations et de l’avenir de
nos jeunes.
Dans une société où les inégalités se creusent,
l’université doit répondre aux enjeux de démocratisation de l’enseignement
supérieur et doit rester un lieu d’émancipation et d’ouverture accessible à
tous et toutes.
Il y a urgence ! La FAGE est prête à entamer les
réflexions nécessaires, et demande l’ouverture d’une réflexion pluriannuelle
sur le financement de l’enseignement supérieur en France.
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