Le 15 novembre, le Premier Ministre annonçait qu’à
compter de la rentrée 2019, un plan d’envergure pour attirer les étudiants
internationaux en France serait mis en œuvre. Parmi les mesures, l’une des plus
controversées concerne l’augmentation des frais d’inscription des étudiants
non-communautaires. Ces frais passeraient à 2 770 euros en licence et à
3 770 en master. Alors que le reste du plan Bienvenue en France semble
intéressant, la FAGE a déjà eu l’occasion de rappeler que l’augmentation des
frais des étudiants internationaux était inutile, injuste et dangereuse.
Grâce à l’action de la FAGE, de ses élus et de la
plateforme LetUsStudy.fr, la plupart des universités ont aujourd’hui voté une
motion dans leurs conseils de gouvernance ou exprimé leur désaccord avec la
mesure, souvent en demandant à ce qu’une concertation soit mise en œuvre. Dans
ce contexte de mobilisation massive, le Gouvernement a reculé sur son annonce,
présentant aujourd’hui la mesure d’augmentation des frais d’inscription comme
facultative pour les universités.
Pour la FAGE, le caractère facultatif de la mesure
ne ferait qu’accentuer la hiérarchie entre les différents établissements
d’enseignement supérieur, attribuant encore davantage de ressources à des
universités déjà connues internationalement sans traiter le problème profond du
financement de l’enseignement supérieur français. On aurait alors une
population d’étudiants internationaux partagée entre ceux pouvant payer les
frais d’inscription dans des universités qui choisissent ces frais, et les
moins fortunés qui iraient dans les autres. Le risque est également de voir une
diminution ou une stagnation des financements de l’Etat, incitant fortement
l’établissement à ne pas renoncer à cette manne financière dans une situation
économique difficile. La FAGE ne saurait accepter que le financement de
l’enseignement supérieur se fasse en s’appuyant sur ces « nouvelles
ressources » qui ne cachent en réalité qu’un glissement du financement
public vers un financement personnel de l’enseignement supérieur public.
Pourtant, l’enjeu du financement de notre
enseignement supérieur est réel et mérite une transformation profonde après une
concertation d’ampleur. Aujourd’hui certaines formations des universités à
destination d’étudiants internationaux free-movers sortent du cadre des
diplômes nationaux LMD. Ces diplômes d’université sont monnayés plusieurs
milliers d’euros aux étudiants internationaux, ne font pas l’objet d’une reconnaissance
en France et leur contenu n’est pas évalué par le Ministère de l’Enseignement Supérieur,
de la Recherche et de l’Innovation. Ces formations montrent le besoin déjà
existant des établissements de pouvoir trouver de nouvelles sources de financement,
mais également celui de pouvoir adapter leurs formations aux besoins des
étudiants internationaux.
Face à ces besoins, la FAGE propose depuis
plusieurs années des solutions structurelles. Cela passe d’abord par mieux
utiliser les possibilités de financement ouvertes par la formation continue, à
l’heure où se développe une formation tout au long de la vie. Nécessitant un
meilleur outillage des universités, notamment par le MESRI, la formation
continue peut être génératrice de ressources propres extrêmement importantes
pour les universités en mettant notamment à contribution les entreprises.
Cette première mesure rentre dans un cadre plus
global qu’est le Pacte pour l’Education. Une contribution paritaire permettrait tant aux
entreprises qu’aux individus de participer au financement de l’enseignement
supérieur. Cette taxe paritaire permet aux individus de contribuer à hauteur de
leur salaire, reflet de leur niveau de qualification et donc de leurs études.
Le Gouvernement a raison de dire que le
financement de l’enseignement supérieur est une vraie question. Mais la FAGE ne
pourra pas accepter que la réponse soit le financement personnel de la
formation dans l’enseignement supérieur, quand bien même il existerait déjà
dans les faits. C’est par l’ambition de la création d’un système démocratisant
et qui permet à tous de bénéficier d’une formation de qualité que nous y
arriverons. C’est également par l’ambition de transformer en profondeur et pas
en surface.
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