Mais ces différentes mesures ne produiront probablement pas d’effets
immédiats. Aussi, la FAGE et ses fédérations revendiquaient la généralisation
de dispositifs d’accompagnement des victimes de violences, qui a été obtenue.
La formation d’étudiants sentinelles, formés au dépistage des signes de souffrance
mentale chez leurs homologues, ainsi que l’introduction d’un module transversal
concernant la gestion du stress et les stratégies d’empowerment dans toutes les
formations de santé devraient compléter le dispositif pour prendre en charge le
plus rapidement les situations problématiques avant toute évolution dramatique.
Pour les terrains de stages régulièrement pointés du doigt comme générateurs de
violences, il était nécessaire d’apporter des solutions. Alors qu’une partie
des fédérations d’étudiants en santé, ou des établissements, mettaient en place
une évaluation de ces terrains de stage, la systématisation de ces évaluations
permettra à la fois d’inciter les établissements à mettre en œuvre des mesures
positives, et, pour ceux ne jouant pas le jeu et mettant en péril la santé
notamment mentale des étudiants, il pourra être procédé au réexamen de
l’agrément.
Globalement, l’utilisation d’indicateurs dans une grande enquête annuelle
et la mise en place d’un centre national d’appui et structures régionales en
lien avec les associations étudiantes devraient permettre de progressivement
lever le tabou sur les difficultés rencontrées. Dans ces structures, les
militants de la FAGE auront évidemment à cœur de s’investir.
Bien que des annonces aient été faites, notamment dans le cadre de
l’intégration universitaire, sur l’accès aux services pour les étudiants des
formations sanitaires et sociales, un investissement financier est également
nécessaire, tant de nombreux coûts liés aux études de certaines formations paramédicales
pèsent encore beaucoup trop sur les épaules des étudiants. Car, au-delà des
frais de scolarité inacceptables retrouvés notamment dans certains instituts de
formation à la kinésithérapie qui avoisinent les 10 000€ l’année, d’autres étudiants
ne disposent pas systématiquement d’indemnités de stage ni même d’indemnités
kilométriques. Ces dispositions entraînent de véritables souffrances chez ces futurs
professionnels qui ne comprennent pas pourquoi ils sont discriminés par rapport
à leurs homologues d’autres filières de santé, et augmentent le poids de la
dette ou du salariat qui pèsent sur ces étudiants dont les maquettes de
formation et de stage sont déjà très chargées. L’absence d’engagements
budgétaires sur ces éléments pourtant mentionnés dans le rapport de Donata
Marra est décevante et la FAGE restera mobilisée pour mettre fin à la
ségrégation des étudiants de ces formations.
Au-delà des conditions des stagiaires, l’enjeu porte également sur les
formations de ces étudiants, qui sont régulièrement subies par des jeunes qui
ne s’épanouissent pas toujours dans la voie qu’ils ont choisie. Le fort
cloisonnement des études de santé, leur accès par des empilements de concours
entraînant des coûts directs et indirects élevés, ainsi que les frais
d’inscription importants, emprisonnent les étudiants dans des parcours rendant
inenvisageable toute hypothèse de réorientation. Est-il décent de demander à un
jeune de 18 ans au sortir du baccalauréat, de s’engager dans une voie inextricable
en devinant à priori s’il pourra s’épanouir au contact de la souffrance quotidienne
des malades ? A l’égard de toutes les formations, les jeunes doivent avoir le
droit d’expérimenter et de changer d’avis. Aujourd’hui plus que jamais, il est
nécessaire d’effectuer un véritable travail prospectif pour apporter de la
flexibilité dans le parcours des étudiants en santé. La FAGE revendique, à
l’instar des autres formations, la possibilité de mettre en œuvre une véritable
orientation progressive qui ne remettrait pas en cause le caractère
professionnalisant de ces formations. Il est nécessaire de pouvoir enfin
décloisonner les études de santé en réformant leur accès, multipliant les
passerelles entrantes et sortantes et en mettant en œuvre davantage
d’interdisciplinarité. Mettre fin à la logique de compétition intrinsèque est
également une nécessité pour l’avenir du système de santé qui doit évoluer vers
une prise en charge collaborative globalisée de l’individu, rendue difficile
par les guerres de chapelles aggravées par la perception de hiérarchie des
professions induites par les systèmes de concours.
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