Régulièrement pointés du doigt par
les discours politiques et les images médiatiques, les jeunes ne semblent que
très rarement pouvoir trouver grâce aux yeux d’une opinion publique qui ne voit
dans chaque génération qu’un recul par rapport à la précédente. Alors que les
jeunes connaissent aujourd’hui une situation sociale critique, marquée par la
précarité et le chômage, ils ne sont perçus que comme un problème qu’il
faudrait résoudre et non comme des citoyens à part entière.
Le 28 mai 1996, lors d’une allocution télévisée,
Jacques Chirac, alors président de la République déclare vouloir supprimer le
Service National. Le Journal Officiel publiera la loi qui officialise la fin du
service militaire le 28 octobre 1997. Vingt ans après, les élections
présidentielles se voient être le théâtre d’une déferlante de propositions
autour du rétablissement d’un service national obligatoire à caractère «
martial et citoyen ». Un Service National Universel (SNU) serait lancé en phase
expérimentale pour 2019 par le gouvernement.
La FAGE dénonce cette proposition
démagogique qui vise à « recadrer » une jeunesse qui serait la source de tous
les maux : radicalisation, délinquance, abstention, apathie et subversion. Des
jeunes qui ne s’engageraient plus, devraient « renouer » avec la société par un
service civique obligatoire, et des jeunes prompts à la radicalisation et aux
pensées antirépublicaines devraient passer par un service national assurant de
remettre chaque jeune dans le droit chemin. La FAGE avait d’ailleurs déjà eu
l’occasion de rappeler avec fermeté son opposition
à la mise en place d’un service national obligatoire.
Loin de vouloir assurer à tous les
jeunes une protection sociale adéquate et un accès de toutes et tous à
l’éducation supérieure, cette vision négative de la jeunesse occulte
intégralement l’engagement quotidien de milliers de jeunes. Loin d’être cette
génération « désengagée » dépeinte dans les discours publics, les jeunes
s’engagent plus que toutes les générations précédentes. Et si l’on peut
s’interroger sur la baisse de la participation électorale des jeunes, il est
urgent de constater le niveau sans précédent d’engagement de la jeunesse. Le
volontariat en service civique ou à l’international, le bénévolat associatif,
l’engagement syndical ou politique ou encore l’engagement numérique, sont
autant de formes nouvelles ou anciennes qui atteignent des niveaux sans
précédent.
Il est dès lors faux et mensonger
de désigner les jeunes comme repliés sur eux-mêmes, déconnectés de la vie
publique et désintéressés des grands enjeux contemporains, quand il s’agît
simplement d’une mutation des formes d’expression et de participation
politique. En 2016, l’Institut National de la Jeunesse et de l’Education
Populaire (INJEP) a montré que la part de jeunes de 18 à 30 ans qui
s’engageaient bénévolement en 2016 était de 35%, contre 26% en 2015. Outre
l’engagement bénévole, plus de 90 000 jeunes effectuent chaque année un service
civique, et 15 000 jeunes s’engagent chaque année dans la réserve.
En conséquence, la promesse de
campagne du Président de la République de rétablir un véritable « service
national universel » apparaît profondément déconnectée des besoins des jeunes
et bien plus au service d’un discours politique.
La FAGE a été auditionnée et a pu
faire part de ses contre-propositions lors d’une audition à l’Assemblée
Nationale mais également grâce à ses représentations au sein des multiples
instances et conseils, notamment la Commission Armée Jeunesse (CAJ).
Le rapport parlementaire, qui devrait voir le jour à la fin du
mois, laisse apparaître des pistes intéressantes qui s’éloigne du scénario
initial proposé par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle. Le SNU
deviendrait un « parcours citoyen » et serait porté non pas par les Armées mais
par le ministère de l’Education Nationale. L’école est le véritable creuset de
la république, et c’est son rôle de participer à l’émancipation citoyenne des
nouvelles générations.
La FAGE jugera ce rapport sur table, mais les idées avancées
semblent aller dans un sens bien plus souhaitable pour la jeunesse engagée de
notre pays.
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