Véritable institution, le baccalauréat se voit aujourd’hui décerner
à plus de 600.000 lycéens et ce, au lendemain de l’annonce par le
Premier Ministre, Edouard Philippe, d’une réforme du baccalauréat.
Vu comme la source de tous les maux, le baccalauréat devient le bouc
émissaire responsable à lui seul de l’échec en licence et du
décrochage. De problèmes profonds émergent des discours
simplistes, appelant à créer de nouvelles sélections : sur
dossier, ou par l’émergence de prérequis coercitifs. Pour la FAGE,
ces réponses parachèveraient un système éducatif profondément
inégalitaire.
Cependant, si le bac n’est pas la source de tous les maux, bien plus
profonds, sa réforme doit être une des dimensions d’un changement
plus global. L’heure est à un changement de paradigme. Œuvrer
pour l’égalité des chances de réussite, c’est donner à chacun les
outils pour réussir dans des études de qualité, et de s’orienter
dans une filière qui répond de l’enjeu d’émancipation de
l’individu en rompant avec les déterminismes sociaux et
économiques. Comment imaginer que ces enjeux répondent d’une
seule réforme d’un diplôme ?
Donner à chacun les moyens de réussir, c’est s’assurer que chacun
puisse apprendre de la façon et au rythme qui lui correspond. C’est,
en somme, s’appuyer sur les compétences de chacun, plus que sur un
programme à suivre de manière linéaire où l’on s’enquiert davantage
de ce qui est dit que de ce qui est retenu. Créer du sens, du lien
entre les enseignements, nécessite aussi de faire place à des
enseignements transdisciplinaires. Poser les bases des
conditions de réussite de tous constitue l’un des piliers
pour atteindre une vraie justice sociale. L’autre pilier, c’est
l’orientation, les choix de parcours et d’études. C’est à ce prix
que l’on pourra rompre avec les déterminismes les plus prégnants.
La forme du baccalauréat actuel impose une évaluation partielle des
savoirs acquis et non de l’ensemble des compétences développées dans
son cursus. Il faut sortir de la logique du contrôle terminal,
générant le phénomène de « bachotage » pour aller vers une
évaluation tout au long du cursus, progressive et continue. En
ce sens, la réponse présentée par le Premier Ministre est
intéressante, mais insuffisante et ne défausse pas de la
responsabilité de réformer le lycée et le premier cycle.
En matière d’orientation, il faut mettre un terme à la logique de
filières qui ne mène qu’à une hiérarchisation de niveaux
d’acquisition de savoirs plus qu’à une appétence pour le domaine
concerné et permettre à chacun de se spécialiser dans des parcours
au terme d’une seconde générale où l’orientation est consacrée comme
un objet d’études à lui seul.
Enfin, ces travaux ne peuvent être menés seuls, une discussion doit
être entamée avec l’enseignement supérieur pour permettre à la fois
une meilleure lisibilité de l’offre de formation, mais aussi pour
poser les bases d’une spécialisation progressive.
La FAGE ne cèdera pas aux sirènes des discours simplistes et
propose une réforme d’ensemble du lycée, du baccalauréat,
et du premier cycle permettant de faire de la massification de
l’enseignement supérieur une réelle démocratisation et un
outil de mobilité sociale.
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