Tabac et e-cigarette : que nous disent les premiers résultats ?

24/03/2015

Le baromètre de la Santé 2014 dresse les résultats d’une enquête conduite auprès de 15 000 personnes âgées entre 15 et 75 ans. Une large partie est consacrée au profil, aux motivations et aux caractéristiques de consommation des expérimentateurs de cigarettes électroniques ou de vapoteurs.

L’apparition récente de ce mode de consommation du tabac ne permet pas encore aujourd’hui de dresser un état des lieux sanitaire objectif de la e-cigarette sur l’individu et / ou son entourage.

Des jeunes fumeurs motivés par la diminution ou l’arrêt du tabac

En 2014, le tabagisme demeure davantage fréquent chez les jeunes hommes que chez les femmes de la même catégorie d’âge, même si cet écart tend à se réduire.

Concernant les hommes, la prévalence tabagique* quotidienne est la plus importante entre 20 et 34 ans, dépassant la barre des 40 %.

Chez les femmes, c’est entre 20 et 25 ans que la prévalence tabagique quotidienne est la plus importante mais des baisses significatives, autour de 7 points, marquent la tendance au cours des 4 dernières années chez les
jeunes âgées entre 20 et 34 ans
.

* : La prévalence du tabagisme précise la proportion, au sein d'un groupe donné, de personnes qui fument des cigarettes de façon quotidienne ou occasionnelle

Les jeunes sont la catégorie d’âge la plus motivée par l’arrêt et la diminution de la consommation de tabac : 54 % des jeunes fumeurs quotidiens ont déjà fait une tentative d’arrêt du tabac en 2014 (contre 41 % en 2010)38 % des fumeurs actuels âgés entre 25 et 34 ans ont diminué leur consommation de tabac entre 2010 et 2014.

Ce baromètre montre qu’Internet devient une source importante d’information et de conseils pour les fumeurs ayant envie d’arrêter de consommer. Cet élément est donc à prendre en considération et à intégrer dans la mise en œuvre de campagnes de prévention.

E-cigarette synonyme d’aide à l’arrêt chez les jeunes

Des jeunes hommes vapoteurs

De façon générale, l’e-cigarette est davantage plébiscitée par les tranches d’âges les plus jeunes (15 – 34 ans), particulièrement par les hommes.

Ainsi chez les jeunes, entre 15 et 34 ans, si le taux d’expérimentateurs* est assez élevé (entre 30 et 50 % selon le sexe et l’âge), le taux d’utilisateur** est relativement faible, entre 5 et 10 %. Cependant, le pic d’utilisation se situe chez les hommes âgés entre 25 et 34 ans (10 %).

Il est paradoxalement intéressant de souligner que les étudiants et autres inactifs ne sont que 2 % à vapoter.

* : personne ayant essayé, au moins une fois, la cigarette électronique
** : personne utilisant la cigarette électronique au moment de l'enquête

L’e-cigarette, un substitut à la cigarette ordinaire

La cigarette életcronique n’est pas vapotée à des seules fins de contourner l’interdiction de fumer dans les lieux publics car elle est utilisée de façon quasi indifférente entre le domicile (84 %) ou l’extérieur (77 %). Les principales raisons de vapoter sont donc : la dépendance à la nicotine, un coût financier inférieur à l’utilisation de la cigarette, de moindres effets sur la santé.

Les vapoteurs sont à 98 % des fumeurs (réguliers ou occasionnels) ou d’anciens fumeurs. Au-delà de ce chiffre, la cigarette électronique touche plus largement les fumeurs puisqu’ils sont entre 48 % et 60 % à l’avoir déjà expérimentée, selon qu’il s’agisse respectivement de consommateurs occasionnels ou réguliers.

L’usage de la cigarette électronique et de la consommation de tabac sont donc étroitement liés. L’e-cigarette est notamment perçue comme une étape transitoire vers l’arrêt du tabac : 69 % des fumeurs vapoteurs souhaitent arrêter de fumer contre 54 % des fumeurs.

Si aucun chiffre n’est mis en avant scientifiquement sur l’efficacité de l’e-cigarette dans l’arrêt du tabac, il apparait plus facile de montrer son rôle dans la diminution de la consommation : environ 82 % des fumeurs vapoteurs ont réduit leur consommation de tabac grâce à l’e-cigarette. La diminution moyenne se chiffre à 8,9 cigarettes par jour.

Selon cette enquête, on peut estimer approximativement à 400 000 le nombre de personnes âgés entre 15 et 75 ans ayant réussi à arrêter de fumer, au moins temporairement, grâce à la cigarette électronique.

La Ministre de la Santé, Marisol Touraine, a réaffirmé, lors d’un communiqué de presse dédié à l’analyse du Baromètre Santé 2014, la nécessité de renforcer la prévention pour éviter l’entrée dans le tabagisme et d’agir efficacement pour aider les fumeurs à arrêter de consommer. Ces objectifs figurent déjà dans le Programme National de Réduction du Tabagisme (PNRT), officialisé en septembre 2014.

Certaines des mesures préconisées dans ce programme sont déjà opérationnelles comme le triplement du forfait substitut nicotinique pour les jeunes de 20 à 25 ans.

Dans le cadre de l’examen du projet de loi relatif à la santé devant le Parlement, plusieurs amendements devraient être intégrés dans le PNRT.

La FAGE a choisi d’en mettre deux particulièrement en avant, en lien avec les objectifs poursuivis par le jeu l’Enfumage :

  • Le paquet neutre de cigarette pour lutter efficacement contre le marketing. En Australie, lors de la première année d’introduction du paquet neutre, la prévalence tabagique a diminué de 3,4 %.

  • La transparence du lobbying de l’industrie du tabac. Cet axe d’action reprend les objectifs de jeu de la FAGE, L’Enfumage, à savoir : permettre une prise de conscience des aspects manipulatoires de la communication anti-tabac, et donc développer l’esprit critique face aux messages des communicants

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