Ce projet de décret n’était pas censé faire de vague.
L’élargissement des missions du CN2E à l’enseignement supérieur (en englobant
ainsi l’ancien comité sup’ emploi) permettra à ce conseil d’être plus visible,
et de mieux s’approprier la problématique centrale du continuum
lycée-université. Cette modification, si elle est salutaire, ne crée rien de
réellement nouveau. Les missions du conseil sont globalement les même :
animer une réflexion prospective sur l’articulation entre le système éducatif,
incluant l’enseignement scolaire et l’enseignement supérieur, et les enjeux et
besoins du monde économique, ainsi que de développer un dialogue permanent sur
ce thème.
Pourtant, plusieurs organisations membres du CNESER ont refusé
ce projet de décret. Prétextant une composition trop lâche ne citant pas les
types de membres (étudiants, enseignants, etc.) mais ne parlant que de membres
désignés par le ministère en raison de leurs compétences et de leur expérience
dans le domaine de l’économie et de l’éducation, certaines organisations ont fait
pencher la balance en faveur du rejet du texte. Ces dispositions étaient pourtant
déjà prévues dans l’ancienne version du CN2E, et ce dernier regroupait bien
l’ensemble des organisations représentatives… Cette rédaction permettait de
désigner des membres extérieurs, des personnalités particulièrement au point
sur les questions d’éducation et d’économie et se situant hors du champ des
organisations représentatives, ce qui était plutôt salutaire.
Au fond, c’est le vieux débat de la place de l’université
vis à vis du monde professionnel qui était au cœur des discussions. Cette vieille
rengaine d’une université qui devrait à tout prix rester en dehors de la
société, isolée, et purement académique, ne devant pas traiter avec son
environnement économique, social et culturel semblait pourtant avoir été
dépassé par la communauté universitaire. Elle a refait surface lundi.
La FAGE dénonce ces postures de façade. En plus d’engendrer
un immobilisme stérile, elles traduisent une hypocrisie coupable. En effet, les
organisations se dressant en séance plénière du CNESER contre ce qu’elles
désignent comme étant une marchandisation des savoirs sont les premières à
participer aux groupes de travail des conseils constitués jusqu’alors,
notamment du Sup’ emploi.
Si l’enseignement supérieur doit rester un bien public,
financé majoritairement par l’Etat et non par des fonds privés, refuser la
création de ce conseil revient à ne pas comprendre que l’insertion
professionnelle est une des missions de l’université, et que c’est une des
motivations premières des étudiants s’y inscrivant. Ce n’est pas comprendre la
nécessaire adéquation emplois-métiers-formations des filières professionnelles,
ou encore l’importance des campus des métiers créés ces derniers mois.
Ces problématiques participent pourtant, aux côtés des
autres formations du secondaire et de l’enseignement supérieur à améliorer l’accès
à l’ascenseur social pourtant tant invoqué par ces organisations
représentatives (à juste titre !). Il serait donc nécessaire de mettre en
conformité les actes et les paroles, afin de faire avancer notre système
d’enseignement supérieur et de recherche qui en a bien besoin.
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