L’annonce de la baisse de 5 euros par mois des APL pour les étudiants a suscité des réactions indignées dans l’opinion publique comme chez nos responsables politiques. Combien de personnalités telles que Claire O’Petit, députée de La République en Marche de l’Eure, ont réagi avec dédain et mépris pour signifier que cette somme était dérisoire ? Que les étudiants étaient bien mal avisés de se plaindre, ces privilégiés qui passent leur temps à dépenser leur argent en cigarettes, en alcool et en drogue, ou dans le dernier IPhone... Ces propos réactionnaires, relèvent bien évidemment plus du fantasme que de la réalité, mais force est de constater qu’en 2017 il est nécessaire encore de lutter contre ces représentations biaisées et dangereuses. La précarité étudiante, elle, est bien réelle, et son impact sur les 2,6 millions d’étudiants en France n’a cessé de croître ces dernières années. 20% des 18-24 ans vivent sous le seuil de pauvreté, et plus de la moitié des étudiants ont une activité rémunérée pour subvenir à leurs besoins pendant leurs études. Nous sommes nombreux à devoir renoncer à nos soins pour des raisons financières et notre budget alimentation est le premier à être sacrifié lors des périodes difficiles.
Aujourd’hui le milieu étudiant est largement marqué par les galères du quotidien : la galère de se loger, alors que le loyer représente en moyenne plus de 50% d’un budget étudiant, la galère pour se nourrir sainement, la galère de cumuler études et emploi, la galère pour se soigner correctement, ces galères quotidiennes qui nous font échouer chaque année et nous sortent prématurément des études. Chaque année nous sommes victimes des coûts de rabot de telle ou telle aide sociale au nom de la réduction des dépenses publiques. Chaque année la jeunesse trinque et se voit utilisée comme une variable d’ajustement du budget de l’Etat, ne nous laissant que des bouts de chandelles. Chaque jour, dans les 14 AGORAé de la FAGE sur les campus, ce sont des centaines de jeunes qui galèrent à faire face au quotidien, faute de ressources. Des centaines de bénéficiaires mettent en péril leurs études parce que l’Etat ne leur garantit pas une réelle égalité des chances de réussite.
Face aux injustices c’est l’incompréhension qui règne et, très vite, elle laisse place à l’aigreur. La colère monte sur les campus, les étudiants refusent que notre génération soit celle de la « génération sacrifiée ». Ce refus est mû par le désarroi quant à leur avenir mais il est surtout motivé par la colère, et le gouvernement serait bien avisé d’entendre et d’écouter cette colère. Dans un contexte tendu, où une réforme du code du travail côtoie de près une réforme des études supérieures, pas besoin d’être historien pour se souvenir que ce même contexte a engendré les mouvements sociaux de 1995. Il est temps que les décideurs de notre pays se reconnectent un peu avec la réalité, renouent avec la jeunesse et agissent concrètement et rapidement pour lui permettre de vivre et d’étudier dignement. La FAGE exige des mesures urgentes pour le logement des jeunes et la lutte contre la précarité et les inégalités, mais aussi des réformes de long terme pour garantir à chaque jeune l’égalité des chances dans l’accès et la réussite de leurs études par une réforme ambitieuse et juste des aides sociales : l’Aide Globale d’Indépendance. C’est bien de cela dont il s’agit, donner les moyens aux jeunes de réussir, ou en rester au statu quo et au coup de rabot. Offrons l’autonomie à la jeunesse, donnons-lui réellement la liberté de réussir dans ses études, d’obtenir un diplôme, et in fine de trouver sa place dans la société. Car un pays qui investit pour la réussite de sa jeunesse est un pays qui prend en main son avenir.
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