La récente étude de la Fondation de France sur les solitudes démontre une explosion de ce phénomène. Parmi les cinq millions de Français en situation d'isolement relationnel, en marge ou à l'écart des grands réseaux - familial, amical, professionnel, de voisinage et affinitaire - qui garantissant la sociabilité, les jeunes ne sont pas épargnés.

Bien que l'accès aux diplômes de l'enseignement supérieur semble être un gage de la capacité à mobiliser différents réseaux, il n'en demeure pas moins que la jeunesse est une période où il est compliqué de diversifier sa vie sociale. Une grande part des jeunes semble, au moins pour un temps, avoir pris des distances avec sa famille, n'est pas encore inséré professionnellement et n'entretient pas de relation avec ses voisins.

L'étude démontre par ailleurs que la solidarité familiale, notamment intergénérationnelle, reste une réalité. En effet, 56 % des répondants âgés de 18 à 29 ans indiquent être aidés financièrement par des parents proches. Les jeunes générations sont nombreuses à bénéficier d'aides financières de leur famille qui joue ainsi un rôle d'amortisseur social. Cela rappelle l'importance de corréler les aides sociales étudiantes, dont les bourses sur critères sociaux, aux ressources du foyer, tout en tenant compte de la situation propre de l'individu lorsqu'il est en situation d'indépendance (voir à ce sujet les propositions de la FAGE relative à l'Aide globale d'indépendance).

L'étude confirme l'essor des réseaux virtuels, en particulier auprès des jeunes : 52 % des 18 / 29 ans en situation d'isolement les fréquentent régulièrement (contre 50 % en 2013). Toutefois, avec un écart de 26 points par rapport à l'ensemble de leur classe d'âge, ils restent globalement beaucoup moins nombreux à y recourir. Ainsi, plus les individus bénéficient de réseaux denses et diversifiés dans la vie réelle, plus ils utilisent les réseaux virtuels.

Fortement corrélé au niveau de diplôme et au capital culturel des utilisateurs, le recours aux sociabilités virtuelles offre une opportunité relativement faible de renouer des relations dans la vie réelle. Contrairement aux idées reçues, la fréquentation des réseaux sociaux n'épuise pas le sentiment de solitude.